« Le monde semble sombre lorsqu'on a les yeux fermés. »
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« Heroes always get remembered. But you know legends never die.
Je me suis toujours demandé comment j'en étais arrivé à être ce que je suis aujourd'hui. Pourquoi moi et pas un autre. Pourquoi moi j'aurai le droit à tout ce que j'ai aujourd'hui, et pourquoi le gars que je viens de croiser n'y à pas le droit lui. Il est allongé là par terre en train d'agoniser, et moi je me pavane avec ma belle chemise à jabot et mes bottes à.. Je ne sais plus combien de pièces d'or. Je ne sais pas trop de quoi est fait mon futur, même mon présent, je ne sais pas trop à quoi il ressemble aujourd'hui. Mais il ne doit pas ressembler à grand chose. Je ne fais que tuer, et tuer encore. Et coucher aussi. Accessoirement, lorsqu'ils en valent la peine et qu'ils s'occupent correctement de moi et de mes envies. Je dois avoir quel âge physiquement ? Genre vingt huit ans ? Je plais à tout le monde. Aux hommes comme aux femmes. Ils s'arrachent mes faveurs, ils me supplient de poser les yeux sur eux. Et moi dans tout ça ? Qu'est-ce que je deviens ? Je n'ai pas mon mot à dire ? Bien sûr que j'ai mon mot à dire. Et je n'hésiterai plus à le dire désormais. Certes, j'aime. J'aime qu'on me flatte, et j'aime flatter les personnes qui le méritent, mais à quoi je sers vraiment ? Ai-je un but dans la vie maintenant que je suis ce que je suis ? Comment j'en suis arrivé à ça. Comment c'est possible. Comment cette connerie est arrivée. Comment la vie à pu me faire ça. J'aime être ainsi, mais.. Je sais pas où je vais. Je sais pas à quoi servir. Je n'ai pas besoin de travailler, j'ai de quoi vivre pour des centaines et des centaines d'années. Et je n'ai pas vraiment envie de m'enfermer quelque part la nuit pour gagner quoi que ce soit. (...)
J'ai rencontré un jeune homme aujourd'hui, on s'est vite rapproché. Je pense que je l'ai sauvé, en quelque sorte. Et il m'a sauvé lui aussi. De ma solitude. Passagère ou non. Elle me suit partout où je vais, je n'en peux plus, mais dans un sens, j'aime qu'elle soit là avec moi. J'ai besoin d'elle. Mais aujourd'hui, j'ai besoin de lui. Je l'aime de tout mon cœur, mais la peur de le perdre et si prenante.. Il va falloir que je passe à l'action rapidement et que.. Voilà c'est fait. Au moins, il sera avec moi pour toujours. Avec notre fils. Un petit gars que j'ai trouvé, tout seul sur une putain de balançoire. Ses parents avaient du l'abandonner. Ou je sais pas trop quoi. Bref. Avec Sorah on a décidé de l'appeler Aleksei. Il me ressemble beaucoup je trouve. C'est bizarre. Il a les mêmes yeux que moi, sa peau est pâle et ses cheveux sont aussi noirs que les miens. C'est troublant. Flagrant. Bizarre. Mais je l'aime quand même, comme mon fils. Comme si il était le mien, comme si une femme, que je n'ai pas connu, l'avait mit au monde et que j'étais le père. Sauf que ce n'est pas le cas. Puisque je ne pense pas avoir un jour mit une femme enceinte. Ou alors je ne m'en souviens pas. Et je me souviens de tout. De tout ce que j'ai vécu jusqu'ici. Et je suis certain que je me souviendrais de tout ce qui va arriver aujourd'hui, demain, dans trois semaines, dans vingt ans, dans cent ans. C'est incroyable comme ma mémoire est surprenante. Sauf sur une chose.. Je ne me souviens pas pourquoi c'est moi et pas un autre !.. C'est très embêtant. Suis-je né ainsi ? Est-ce que quelqu'un m'a jeté un sort pour que je sois obligé de vivre et de revivre encore et encore chaque vie. Chaque époque que je croise doit-elle être gravée dans mon esprit à tout jamais ? Je n'en sais rien, mais cela devient très fatiguant. Je me fatigue, de jour en jour. Je suis encore un beau jeune homme aujourd'hui, mais qui sait. Peut être qu'un jour je serai décrépi. Peut être vais-je prendre de l'âge. »
Jung YoungJae to his friend Thaddeus, 24.10.2004.
De retour. De retour après tant d'années. L'exil est une chose que l'on ne choisit pas. Ou alors peut être, lorsque l'on en a tellement besoin que l'on saute sur l'occasion de partir loin de tout pour tout oublier. Tout oublier, c'est ce dont il avait besoin. Oublier qu'il était monstre, oublier qu'il était homme, oublier qu'il était père, et surtout oublier qu'il avait aimé. Tellement fort qu'il s'en était blessé. Oublier qu'il pouvait vivre, ou alors survivre. Oublier qu'il n'avait besoin de personne, oublier qu'il était craint, et surtout oublier qu'il allait encore supporter tout ce qu'il craignait. La solitude, l'abandon, le manque, le besoin. Tout des mots qu'il connaissait que trop bien, la définition parfaite courait dans son esprit à chaque fois que l'un d'eux traversait ses pensées.
Et maintenant quoi. Maintenant quoi ? Et bien maintenant il vit avec son époque. Il vit, ou plutôt survit, histoire de passer le temps, bien trop long désormais. Les journées se ressemblent toutes, il en oublie même ses bonnes manières, souvent. Sa vie est différente, et le sera toujours, jusqu'à la fin, maintenant. Elle ne ressemblera jamais à celle qu'il a eu avant. Avant tout ça. Maintenant, il n'est plus que l'ombre de lui même, avec une pointe de taquinerie. Essayez de vous y frotter, si l'envie vous prend, mais ne venez pas pleurer si il vous trahit.