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Cho HyunSu

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Tout petit la question était là, me taraudait. Pourquoi mon père m’a-t-il abandonné et laissé à ma mère le soin de m’élever ? Au fur et à mesure que je grandissais, cette question je l’ai mille fois posée, mais ses réponses demeuraient  insatisfaisantes. Parfois, elles suscitaient même sa colère. Au fil du temps, j’ai pu comprendre que parler de ma mère est une histoire qu'elle ne voulait plus entendre, plus revivre même dans les mots. Je sais que c’est un sujet tabou, mais je voudrais savoir. Il n’y a pas que moi à vivre cette situation. Dans mon entourage, la majorité des enfants végètent sans affection paternelle. Les pères qui reconnaissent leur progéniture ont librement fait ce choix. Autrement, ils ne subiraient aucune pénalité juridicosociale. D’ailleurs, la caducité du système juridique ne reconnaît pas le test de paternité. Ce sont les hommes qui profiteront de cette faiblesse du système. Quelques géniteurs irresponsables ont été dénoncés par leurs victimes, mais ils n’ont que faire. Pour moi je ne doute pas que mon père soit vivant, qu’il me reconnaisse et marche sans scrupule en plein midi comme beaucoup d’autres. Il est peut-être super riche maintenant, ou alors il a fondé une famille…  Qu’il prenne ses responsabilités ou non, pour moi je veux seulement savoir pourquoi il m’a abandonné. Cet abandon a laissé trop de séquelles dans ma vie, des blessures encore vives. Trop souvent j’observe ma mère découragée par mes agissements… Je suis certain que malgré tout elle est fière de moi, mais par moment je ressens que ma venue dans ce monde a été comme un choc irréparable pour elle. Si j’avais pu, j’aurais indubitablement choisi un autre chemin, ma vie ne serait pas ainsi racontée. Abandonné par mon père, un parfait inconnu, je suis malheureusement l’une des victimes du monde. L'abandon, cette gangrène sociale qui infeste la société dans laquelle je vis. Il creuse encore plus le gouffre entre l’égalité des genres, encloue mes semblables dans leur pauvreté. Mais, il n’y a que les victimes qui comprennent le vide que produit l’absence de parents dans la vie. Et me voilà aujourd'hui. Je ne suis plus seul. Pourquoi ? Parce qu'ils sont là pour me rappeler que je ne dois pas baisser ma garde.

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La violence, particulièrement celle qui est la plus irreprésentable, celle qui s’exerce sous couvert d’amour, d’éducation, de sexualité, comme les violences intra-familiales et sexuelles, a un effet de sidération du psychisme qui va paralyser la victime, l’empêcher de réagir de façon adaptée, et empêcher le cortex cérébral de contrôler l'intensité de la réaction de stress et sa production d'adrénaline. Un stress extrême, véritable tempête émotionnelle, envahit alors l'organisme et - parce qu'il représente un risque vital pour l'organisme par atteinte du cœur et du cerveau par l’excès d’adrénaline - déclenche des mécanismes neurobiologiques de sauvegarde qui ont pour effet de faire disjoncter le circuit émotionnel, et d'entraîner une anesthésie émotionnelle et physique en produisant des drogues dures. L'anesthésie émotionnelle génère un état dissociatif avec un sentiment d'étrangeté, de déconnexion et de dépersonnalisation, comme si la victime devenait spectatrice de la situation puisqu'elle la perçoit sans émotion. Mais cette disjonction isole la structure responsable des réponses sensorielles et émotionnelles de l'hippocampe (sorte de logiciel qui gère la mémoire et le repérage temporo-spatial, sans elle aucun souvenir ne peut être mémorisé, ni remémoré). Et l'hippocampe ne peut pas faire son travail d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle des violences, celle-ci reste piégée sans être traitée, ni transformée en mémoire autobiographique. Elle va rester hors temps, non-consciente, à l'identique, susceptible d'envahir le champ de la conscience et de refaire revivre la scène violente de façon hallucinatoire, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes phrases entendues, les mêmes odeurs, les mêmes sentiments de détresse et de terreur (ce sont les flashbacks, les réminiscences, les cauchemars, les attaques de panique…). La mémoire traumatique est au cœur de nombreux troubles de la personnalité. Elle “s’allume” aussitôt qu’un lien, une situation, un affect ou une sensation rappellent les violences ou font craindre qu’elles ne se reproduisent. Elle envahit alors tout l’espace psychique de façon incontrôlable. Comme une “bombe à retardement”, susceptible d’exploser, elle transforme la vie psychique en un terrain miné. Cette mémoire traumatique des actes violents et de l’agresseur colonise la victime, et lui fera confondre ce qui vient d’elle avec ce qui vient de l’agresseur. 

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