J'ai entendu dire que les diables étaient autrefois des anges. Parce qu'ils avaient des attentes irréalistes, ils ont été jetés en enfer et sont devenus des démons.
« Je me souviens de ce jour, comme si c'était hier, comme si c'était hier que ma vie avait prit un autre chemin, comme si c'était hier que j'avais donné à mon existence une toute autre saveur. Car aujourd'hui, elle a une toute autre saveur. Elle n'est pas aussi belle que celle que j'avais avant que toute cette histoire ne commence. Avant, j'étais choyée. Par des parents qui avaient une situation plutôt aisée. Comment ? Vous voulez savoir ? Et bien ils étaient nobles. Non, plus que nobles en fait. En fait, j'ai eu la vie belle, jusqu'à l'âge de mes.. Huit ans ? Neuf ans ? Je ne sais plus vraiment en fait, c'est loin, cette époque. Loin, enfouit dans ma mémoire, et j'espère qu'un jour tout disparaîtra et que plus jamais j'y penserais. Bref. Je m'appelle Stella Von Ditch, je suis fille de parents assassinés, sœur d'un frère assassiné, cousine d'un homme perdu de vue et nièce d'un homme dangereux. Et par dessus tout, je suis une femme solitaire, et probablement emplie de détresse et de colère. Je ne suis pas une femme comme les autres. Au contraire, toutes celles que vous pourrez rencontrer, qui croiseront votre chemin, seront fades et sans intérêt réel, et vous savez pourquoi ? Parce qu'elles sont toutes les mêmes, identiques les unes par rapport aux autres. Il n'y en aura pas une qui saura tirer son épingle du jeu sans avoir à montrer ses atouts refaits. Moi je suis différente de toutes ces femmes sans saveurs. Mais je suis autre chose. Je suis quelque chose qui est totalement différent d'une femme. Je suis quelque chose à l'antipode de l'humanité et du corps humain. Je suis un monstre assoiffé de sang, affamé et en colère. Je suis aussi délicate qu'une plume, aussi légère que l'air, aussi belle que la plus belle des créatures. Je suis cet animal, je suis ce majestueux et délicat reptile qui effraie la plus part des gens que je rencontre, enfin, au moins à ceux à qui je me dévoile sous cette forme originelle. Mais je n'ai pas toujours été ainsi. Avant, j'étais une enfant, avec une vie tout à fait normale. J'allais à l'école, j'avais des camarades sympathiques, j'ai même eu mon premier bisou lorsque j'avais sept ans. Il s'appelait Aleksandr, il était très gentil avec moi. Mais nous n'étions que des enfants, nous ne pouvions pas vraiment comprendre ce à quoi nous allions nous exposer en commençant par un bisou. La vie nous grandit, la vie nous apprend des choses. Et ce bisou là m'a apprit que les garçons sont ceux qui peuvent nous protéger. Et puis tout à basculer. Nous étions heureux, dans le manoir familial. Cela devait être le jour de mon anniversaire. Je portais une très jolie robe bleue, identique à la couleur de mes yeux. Ma maman m'avait coiffé comme une princesse pour l'occasion, et elle m'avait même autorisé à mettre un peu de blush sur mes joues rondes d'enfant. Elle m'avait prêté ses plus jolis bijoux et j'avais mit mes ballerines préférées, avec des petits nœuds sur le dessus, en soie bleue. Nous avions ouverts les cadeaux, j'avais reçus pas loin de cinq livres, 12 robes, toutes d'une couleur différente, 3 paires de chaussures, et un petit chien que j'avais appelé Rouky. Et puis quelqu'un vint taper à la porte du manoir vers onze heures du soir. Nous étions prêts à nous installer devant la cheminée pour chanter quelques chansons avant de manger le gâteau. Un bruit sourd, et puis une femme apparut dans la pièce. Elle était... Laide. Vêtue de noir, des cheveux mal coiffés, et aussi noirs que les ténèbres. Elle me faisait peur, tellement que je m'étais cachée derrière mon cousin Auguste qui était déjà très grand pour son âge. Il devait avoir treize ans ou quatorze je ne sais plus trop. Je ne me souviens pas de ce qu'elle avait dit, elle avait parlé pendant au moins dix minutes, racontant que mes parents ne méritaient pas leur rang, leurs richesses et qu'ils paieraient pour ce qu'ils lui avait fait subir. Je n'étais qu'une enfant... Et elle s'est servie de moi pour les atteindre. Je... Je les ai tous tué. A l'exception d'Auguste. Je ne sais pas trop pourquoi, mais lorsque je suis arrivée vers lui, il s'est simplement accroupit devant moi et ensuite c'est le noir total. Je pense qu'elle a dut lui faire quelque chose à lui aussi, car depuis il n'est plus vraiment humain lui non plus. Il a une capacité à voir les choses avant qu'elles ne se produisent. Bref. Voici le jour où ma vie à changé pour de bon. Et depuis, elle est toujours la même, monotone, sans vraiment de but. Je suis seule, avec moi même. Je vis dans un appartement trop grand pour une seule personne, j'ai de l'argent, mais trop pour que je sache quoi en faire. Et je suis seule. Seule. Seule. Je m'appelle Stella Von Ditch, et je suis un monstre. »
Stella Von Ditch, 24 years old.
Tout est faux. Cette robe blanche, pourtant magnifique. La couronne qui orne ses cheveux blonds coiffés pourtant à la perfection. Ce maquillage trop prononcé qu'elle a en horreur. Ce bouquet de roses blanches qu'elle rêverait de jeter. Elle rêverait d'en arracher chaque pétale et de les brûler, tous, en faisant vœu, à chaque fois, que son oncle périsse dans un incendie pour le mal qu'il fait tout autour de lui. Pourquoi elle est là au juste ? Faut-il vraiment expliquer pourquoi elle en est arrivée là ? Pourquoi elle se retrouve dans cette chapelle, avec une robe qu'elle n'a pas même pas choisie, blanche qui plus est (alors qu'elle n'a plus rien d'angélique depuis très très longtemps) ? Pourquoi elle est dans cette petite pièce à attendre qu'on vienne la chercher ? Qui viendra la chercher ? Son oncle bien sûr. Celui qui a couru après elle partout dans le monde parce qu'il la veut près de lui, et pas dans les bras d'un quelconque autre homme. Elle est sensée épouser son nouveau bras droit, Yvan, un grand con trop lèche cul à son goût. Mais elle est sensée seulement. Elle ne se laissera pas faire. Elle ne veut plus se laisser faire comme elle l'a fait tout au long de sa vie. Elle compte bien changer la donne, et s'enfuir, encore. On prend les mêmes, et on recommence.
C'est une créature de rêve, qui vit dans un cauchemar. Princesse de Solitude, qui pour oublier son malheur, avait érigé une forteresse tout autour de son coeur. Sous ses airs de douceur, elle pourrait bien vous nuire davantage que la peur. Elle est si douce, si jolie, mais son histoire l'est moins. On raconte qu'une effroyable malédiction l'a condamnée à vivre dans la solitude et la peine, avec pour seul compagnon, le plus étrange des pythons. Triste sort d'une princesse au coeur pur, qui doit porter sur ses épaules le fardeau le plus dur. On raconte depuis des millénaires que la lumière est un symbole d'espoir. Tel un aventurier perdu qui un soir à la lueur d'un phare retrouve son chemin. Mais si la lumière vous attire, elle peut aussi vous trahir. Certains racontent que sa beauté surpasse tous les joyaux qu'abrite la Terre. D'autres dépeignent l'effroyable vipère.
« Aies confiance et sans méfiance, crois en moi et viens à moi. »
Mon désir charnel est très fort, mais ce n‘est rien comparé à l'amour que j'éprouve pour lui, un amour débordant, qui consume tout et altère mon jugement. Je sais au plus profond de moi que ce sera toujours lui, et lui seulement.
« Un baiser plus timide qu'osé, et mon cœur s'embrase. Nos corps se cherchent et se rapprochent, envahis par le désir qui monte doucement en nous. Un baiser plus fougueux et ta main dans mes cheveux, ta respiration brûlante qui se perd dans mon cou, tes bras qui resserrent leur étreinte jusqu'à ce que ton corps épouse parfaitement le mien. Doucement, le désir me submerge, mon sang bouillonne sous ma peau, incendie ma bouche. Mon souffle devient heurté et erratique, mes mains agrippent tes cheveux, mes lèvres s'entrouvrent et j'inhale ton odeur. Un arôme alléchant émane de ton torse, mon cœur enfle au point qu'il paraît vouloir jaillir de ma cage thoracique, emplissant ma poitrine et ma gorge, j'en ai le souffle coupé. Et mon corps se met à trembler, le désir est là présent et palpable. Avec une lenteur délibérée, tes mains glissent le long de mon cou. Je frissonne, tu reprends ton souffle. Tes doigts vifs mais caressants descendent sur mes épaules avant de s'arrêter. Tu me regardes tendrement, j'enroule mes bras autour de ta nuque et t'embrasse fiévreusement. Un gémissement s'échappe de ma gorge et tu plonges dans ma bouche avec une férocité soudaine. C'est alors qu'en moi, le courant électrique se met à bourdonner frénétiquement. De longs spasmes me réchauffent le ventre, un plaisir intense m'envahit. Envie de partir avec toi sur la route des cieux et des plaisirs charnels, je ne peux plus attendre. Effeuillant mutuellement un à un nos vêtements, nos corps nus sublimés et nos âmes enlacées, apothéose du désir qui nous ronge. Je sens enfin le soyeux de ta peau sous mes doigts, et mon corps prend vie sous tes caresses expertes. Je goûte l'arôme pur et vif sur ma langue, dans ma bouche. Et enfin nos corps s'entremêlent avec grâce. Il n'y a ni prudence, ni retenue, ni peur. Nous nous aimons ensemble, tels deux amants, à égalité. »