« Le monde semble sombre lorsqu'on a les yeux fermés. »
Nom CHO - Prénom HyunSu - Situation Familiale Père présumé décédé, mère remariée - Occupation Etudiant
Taille 1.86 - Poids 65 - Situation Personnelle Célibataire ♂ - Signe Particulier Tatoué à multiples endroits
Tout petit la question était là, me taraudait. Pourquoi ils m'ont abandonné et laisser le soin à des familles d'accueil de m'élever ? Au fur et à mesure que je grandissais, cette question je l’ai mille fois posée, mais les réponses demeuraient insatisfaisantes. Parfois, elles suscitaient la colère. Dans mon entourage, la majorité des enfants végètent sans affection familiale. Les pères qui reconnaissent leur progéniture ont librement fait ce choix. Ce sont les hommes qui profiteront de cette faiblesse du système. Quelques géniteurs irresponsables ont été dénoncés par leurs victimes, mais ils n’ont que faire. Pour moi je ne doute pas que mes parents soient vivants, qu’ils marchent sans scrupule en plein midi comme beaucoup d’autres. Ils ont peut être fondé une famille. Cet abandon a laissé trop de séquelles dans ma vie, des blessures encore vives. Trop souvent j’ai observé mes parents adoptifs découragées par mes agissements. Je suis certain que malgré tout ils étaient fiers de moi, mais par moment je ressens que ma venue dans ce monde a été comme un choc irréparable pour eux. Si j’avais pu, j’aurais indubitablement choisi un autre chemin, ma vie ne serait pas ainsi racontée. Abandonnés par mes parents, de parfaits inconnus, je suis malheureusement l’une des victimes du monde. L'abandon, cette gangrène sociale qui infeste la société dans laquelle je vis. Il creuse encore plus le gouffre entre l’égalité des genres, encloue mes semblables dans leur pauvreté. Mais, il n’y a que les victimes qui comprennent le vide que produit l’absence de parents dans la vie.
La violence, particulièrement celle qui est la plus irreprésentable, celle qui s’exerce sous couvert d’amour, d’éducation, de sexualité, comme les violences intra-familiales et sexuelles, a un effet de sidération du psychisme qui va paralyser la victime, l’empêcher de réagir de façon adaptée, et empêcher le cortex cérébral de contrôler l'intensité de la réaction de stress et sa production d'adrénaline. Un stress extrême, véritable tempête émotionnelle, envahit alors l'organisme et - parce qu'il représente un risque vital pour l'organisme par atteinte du cœur et du cerveau par l’excès d’adrénaline - déclenche des mécanismes neurobiologiques de sauvegarde qui ont pour effet de faire disjoncter le circuit émotionnel, et d'entraîner une anesthésie émotionnelle et physique en produisant des drogues dures. L'anesthésie émotionnelle génère un état dissociatif avec un sentiment d'étrangeté, de déconnexion et de dépersonnalisation, comme si la victime devenait spectatrice de la situation puisqu'elle la perçoit sans émotion. Mais cette disjonction isole la structure responsable des réponses sensorielles et émotionnelles de l'hippocampe (sorte de logiciel qui gère la mémoire et le repérage temporo-spatial, sans elle aucun souvenir ne peut être mémorisé, ni remémoré). Et l'hippocampe ne peut pas faire son travail d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle des violences, celle-ci reste piégée sans être traitée, ni transformée en mémoire autobiographique. Elle va rester hors temps, non-consciente, à l'identique, susceptible d'envahir le champ de la conscience et de refaire revivre la scène violente de façon hallucinatoire, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes phrases entendues, les mêmes odeurs, les mêmes sentiments de détresse et de terreur (ce sont les flashbacks, les cauchemars, les attaques de panique…). La mémoire traumatique est au cœur de nombreux troubles de la personnalité. Elle “s’allume” aussitôt qu’un lien, une situation, un affect ou une sensation rappellent les violences ou font craindre qu’elles ne se reproduisent. Elle envahit alors tout l’espace psychique de façon incontrôlable. Comme une “bombe à retardement”, susceptible d’exploser, elle transforme la vie psychique en un terrain miné. Cette mémoire traumatique des actes violents et de l’agresseur colonise la victime, et lui fera confondre ce qui vient d’elle avec ce qui vient de l’agresseur.
De fades personnalités laisseront moins de traces que des pas sur le sable.